The Platform est un film avant tout sociologique, sur les rapports de pouvoir et la perception de l’autre. Dis comme ça, cela peut rebuter un peu, c’est vrai. Mais il y a vraiment une profondeur dans cette histoire rocambolesque de prison verticale où le seul lien entre les prisonniers des différentes cellules est un plateau repas descendant, dont dépend la survie de tous. Évidemment ceux d’en bas sont moins bien lotis que ceux du dessus, c’est une inégalité structurelle. La problématique du film est claire: les prisonniers doivent-ils agir pour pallier à cette inégalité au nom de la dignité humaine et des droits de l’Homme? Si oui, sur quels moyens s’appuyer pour instaurer un nouvel ordre et rester en phase avec ces idéaux, et au nom de quelle légitimité instaurer cet ordre?
Le film apporte des réflexions intéressantes, sur la portée des arguments humanistes, l’usage de la menace, de la violence physique et de la force symbolique. Une partie importante du film est également dédiée à la théorie des jeux pour évoquer la rationalité des prisonniers, avec d’ailleurs une évaluation positive de la coopération en milieu carcéral.
Enfin, le rôle de l’administration est également évoqué dans le maintien du système et le niveau de conscience des agents dans la finalité de leur action. En gros, sans transparence, sans accès à l’information et visibilité sur le tout, les parties agissent sans conscience, laissant perdurer des situations abjectes.
Ce film est absolument génial, c’est un condensé de philologie politique basée sur une critique moderne de Don Quichotte, à voir et à revoir entre amis.
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